Peut-on sortir d'une crise de surendettement (des ménages et du système financier en général) en accumulant encore davantage de dettes (par le biais, cette fois-ci, des Etats) ? Evacuée un temps, dans l'urgence des plans de sauvetage et de relance, la question revient tel un boomerang à la face des Européens.
Elle est posée par les marchés financiers, de plus en plus sceptiques quant à la capacité de certains Etats de la zone euro à rembourser les montagnes de dettes accumulées. Principaux visés : les pays qui ont une gestion traditionnellement laxiste des finances publiques (la Grèce, l'Italie) et ceux dont le modèle économique, fondé sur l'endettement des ménages et l'immobilier, se trouve balayé par la crise (Espagne, Irlande). « Jusque-là, grâce à l'effet unificateur de l'euro, ils pouvaient accéder au refinancement sur les marchés à des conditions proches de celles des meilleurs élèves, comme l'Allemagne, décrypte Patrick Jacq, analyste chez BNP Paribas. Mais, depuis le déclenchement de la crise, cette mécanique s'est grippée. » Ainsi l'écart de coût de financement entre l'Italie et l'Allemagne a été multiplié par cinq en un an, du jamais- vu depuis 1997. La plupart de ces pays ont également assisté, ces dernières semaines, à la dégradation par les agences de notation de leur dette souveraine. Standard and Poor's a ainsi retiré son triple A à l'Espagne...(Suite)