vendredi 22 février 2008

La polémique autour des propos sur les sectes de la directrice de cabinet du Président de la République ne cesse de s’amplifier.

Emmanuelle Mignon a démenti encore hier les propos qui lui ont été prêtés lors de son entretien au VSD de cette semaine selon lesquels « les sectes sont un non problème en France ». VSD confirme pourtant la véracité de ses propos qui ont provoqué un charivari à gauche comme à droite. « Je n'ai jamais dit la phrase qu'on me prête. S'il y a des mouvements sectaires qui abusent de la faiblesse des gens ou qui troublent l'ordre public, il constitue un problème » s'est-elle justifiée dans le Figaro. En revanche, la collaboratrice de Nicolas Sarkozy n'est pas revenue sur deux autres déclarations rapportées dans l'hebdomadaire. Dans l'une, elle juge assez lamentable la liste des mouvements sectaires établie en 1995 par une commission d'enquête parlementaire, qui y avait classé plusieurs mouvement catholiques reconnus par le Vatican. Dans l'autre concernant en particulier l'Eglise de scientologie : "Que s'il n'y a pas de trouble à l'ordre public, il faut respecter le bénéfice du doute."Il s'agit donc d'une rupture avec la politique jusqu'alors menée.
En effet, il s'agit désormais de lutter contre les dérives sectaires entraînant des délits fiscaux ou pénaux, et non contre les mouvements, même marginaux, à vocation spirituelle. Ceux que les sociologues appellent les "nouveau mouvements religieux". La liberté de croyance est mise en avant. D'ailleurs, Emmanuelle Mignon souligne : « Ce n'est pas parce qu'un mouvement spirituel n'appartient pas officiellement à une Eglise traditionnelle qu'il est nécessairement sectaire ».
On est loin des rapports militants de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), plus à même de faire des listes noires qu'un travail de fond. Là est certainement le problème. La miviludes, infiltrée par la franc-maçonnerie de longue date, était depuis quelques temps sur la sellette. La question de son existence était même posée. Des spécialistes au sein du ministère de l'Intérieur plaidaient pour une « vraie structure indépendante composée de vrais experts universitaires » à la place de cette mission interministérielle qui ne fait rien, selon les propres termes d'Emmanuelle Mignon. Michèle Alliot-Marie avait même suggéré la création d'un groupe s'inspirant des GIR (groupe d'interventions régionaux) pour lutter contre les dérives sectaires. Un changement radical de stratégie où l'on aurait dû passer du listage et de la dénonciation à la répression d'actes pénalement répréhensibles. La maladresse de Mignon a conduit certains groupes de pression occultes à s'engouffrer dans la brèche et à sauver pour un temps cette entité.
S.A

Aucun commentaire: