samedi 2 février 2008

Michel Rocard n’assume pas l’ouverture…

Le destin d'un homme politique peut être très retors : inventeur du piège de l'ouverture à la fin des années 80, il en subit aujourd'hui les affres. Le prix est élevé : la perte de la dernière crédibilité dont il jouissait au sein de sa famille politique, le parti socialiste.
Michel Rocard vient de démissionner de la commission sur le métier d'enseignant. Sur le fonds rien de révolutionnaire : les réformes proposées reprennent la plupart des bonnes intentions des réformes précédentes dans une tonalité plus libérale : autonomie accrue pour les établissements avec son corolaire, responsabilités accrues pour les chefs d'établissement ; annualisation du temps de travail ; la volonté de développer la multidisciplinarité chez les professeurs de sixième et de cinquième, et la promotion de nouveaux modes de recrutement. Nombre de problèmes ont été soigneusement éludés : l'affectation des jeunes professeurs dans les zones les plus difficiles, les moyens de restaurer l'autorité de l'enseignant. Pourtant, une seule réforme a suffi à mettre les syndicats enseignant en pression, pression insupportable pour notre ex-premier ministre taraudé par la culpabilité inavouée de la trahison : ce fut la « rémunération au mérite » ! L'expression sent tellement le soufre de l'hérésie qu'elle voue aux gémonies du SNES tout politique qui la prononce, même au prix de mille précautions comme le fait de la noyer dans l'irresponsabilité collective de l'évaluation d'établissement. Michel Rocard n'a pas supporté l'ire des syndicats d'enseignant, comme il n'avait pas supporté d'être relégué à une retraite forcée au parlement européen. Il avait perdu la stature d'Homme d'état, il vient de perdre celle de sage. Triste pour un homme politique qui n'a somme toute rien réussi.

Aucun commentaire: